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DE LA VILLE DE PARIS.
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une feuilé de papier dedans laquelle il disoit avoir faict, escript et signé de sa propre main, en langue latine, sou testament et ordonnance de derniere vo-luntté, qu'il voulloit, veult et entend sortir son plain et entier effect, force et vertu, soit par maniere de testament, codicille et aultrement, en la meilleure forme et maniere que faire ce peult et doibt, et tout ainsy que contenu et décleré est en icelle feuilé dc papier, de laquelle la teneur ensuict et est telle -1' :
i" août 1568.
In nomine Dei Patms, Filii, Spiritus Sancti.
Ego Petrus Ramus, pro/essor regius in Academie Parisiensi, anima quictent corporeque valens, de vita autem cogitans, cum per se debili, tum incerlis susceptae ad invisendum nobiles externarum gentium Academias f'2' peregrinationis casibus objecta, testamentum ita condo statuoque:
Animum Deo a quo factus est, in celestem Beato-
rum familiam adoptandum commendo; corpus terrae, unde ortum est, in judicii diem commito.
E vectigali meo septingentarum libellarum in Parisiensi Basilica W annuarum lego : quingentas in slipendium ma-thematici professons, qui triennio arithmeticam, musi-cam, geometriam, opticam, mechanicam V'\ aslrologiam, geographiam, non ad hominum opinionem (5>, sed ad logicam veritatem in Regia Cathedra doccat.
Primum Fredericum Reisnerum in tres primos annos professorem eligo, nomina, crcoque, ut inchoata commu-nibus vigiliis opera, optica praesertim et astrologica, perjiciat; quo tempore, si ad methodum mathematico proe-mio propositam perfecla aut affecta studiosc secluloque curaverit, triennium alterum prorogo. Exacto triennio, si quid secus, aut sexennio, si ex optato votoque faxit, novam electionem a Prqfessoribus Regiis sic instilui volo :
Professionis examen, et jam professione ipsa per-
functa, et ceteris omnibus cujuscumque nalionis mathema-
tum studiosis a Collegii Decano, in tertium mensem pro-
mulgator; intercaque praelegendi et ingenii explicandi
où il put, grâce aux livres dela bibliothèque .du Roi, continuer ses travaux mathématiques. Quelques mois apris, l'administration du collège lui fut rendue; mais sa vie n'en fut pas moins en proie à des agitations de toute sorte, tant au dedans qu'au dehors du royaume. Rentré à Paris en 1570, il se vit privé à nouveau du droit d'enseigner. Enfin, dans la nuit du 26 août 1572 , il fut attaqué dans son cabinet de travail, au collège de Presles, par une bande d'assassins soudoyés par le plus acharné de ses ennemis scolastiques, Jacques Charpentier, également lecteur du Roi au collège de Cambray. Le cadavre fut précipité par les fenêtres, fouetté et traîné en Seine par des écoliers, à l'instigation de leurs régents, forcenés adversaires de Ramus.
Par sa vie, par son trépas lamentable, mais surtout par son testament, Pierre de La Ramée appartient à l'histoire municipale de Paris; en effet, une des clauses de ce testament institue, entre autres personnages, le Prévôt des Marchands et les Echevins, comme exécuteurs de ses dernières volontés relativement à la fondation d'une chaire de mathématiques au Collège royal. C'est à ce litre que le testament de Ramus ligure au premier rang des "Précédents historiques», rassemblés et commentés dans le volume d' Introduction à l'Histoire générale de Paris, p. 37, 65 et 72.
O Outre l'édition mentionnée à la Cn de la note précédente, le testament de Ramus a été imprimé plusieurs fois. Voici le titre et la date des principales parmi ces publications. — Richer : Testamentum Petri Rami cum senatuscunsulto et promulgalione professionis inslitutae ab ipso lestatore, 1576, in-8°; 2e édit, par Richer en i584; 3° édit, par Bessin en i6a5; — Banosius (Théophile): Vita Petri Rami en tète de l'édition du traité de Ramus : Commentariorum de Religione libri IV, Francfort, 1576, in-8°; — Abbé Gouget : Mémoire historique et littéraire sur le Collège royal de France, 1758, in-4°, 1" partie, p. 79. — On peut consulter encore, Bressier (Maurice) : De mathemalicorum professione a Petro Ramo instituta, Paris, 1576, in-8° (passim); Freigius : P. Rami vita, en tête des Praelecliones in Ciceronis Oraliones octo consulares, Bâle, i58o, in-4°; — Nancel (Nicolas) : Vie de Ramus, dans le Liber declamationum, Paris, 16oo, in-8°; — Du'Boulay : Historia Universitalis Parisiensis, Paris, 1673, in-fol., t. VI, p. 638 et 732; — Desmazes (Charles) : P. Ramus, sa vie et sa mort, Paris, i85o. —Enfin, le plus récent historien de Ramus, Waddingtox (Charles), a donné la traduction du testament en appendice à son livre sur Ramus, sa vie, ses écrits et ses opinions, Paris, 1855, in-8°.
Daté du 1" août 1568, et déposé ès mains des notaires susmentionnés, le testament de Ramus fut entériné au Bureau de la Ville le 3i octobre 1572, et transcrit au Registre; mais cette copie est entachée de maintes fautes, imputables à la négligence du scribe. Nous avons donc dû nous préoccuper de l'existence possible d'une autre copie dans les archives des notaires successeurs des tabellions du xvi" siècle, Chappelain et L'Admirai. Cette copie existe, en effet, dans le minutier de l'étude Delafon, successeur de Philippe L'Ad­mirai, au registre afférent à la date, dans lequel elle occupe les folios 11e 11 rO-ncxir°. Et non seulement la copie existe, mais aussi horiginal qui, après son transfert au greffe de la Ville, fut rapporté en l'étude et intercalé entre le premier et le second feuillet de la copie. Ce précieux document remplit deux pages entières et six lignes en haut de la troisième page; le reste de cette page est en blanc; la page quatrième porte la notice : Testament de Mons' P. Ramus.
A la suite de la transcription, et à côté du seing des deux notaires, figure celui de l'auteur du testament en cette forme -Pierre db La Ramée» avec paraphe.
(2) Ramus visita les universités d'Allemagne et d'Italie; cette pérégrination dura environ deux ans.
c) Parisiensis Rasilica et plus loin Basilica Urbis; par ce terme un peu insolite, Ramus désigne -l'Hôtel dc Ville».
C) En surligne de ce mot, une main du xvne siècle a écrit, au Registre du Bureau de Ville : mathemalicam.
'5> Au Registre : oblivionem.